Lionel Belmondo
Scène de la Tonnelle
samedi 10 septembre 2022 - 18:45
en duo avec Laurent Fickelson
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Quelle sera la grande musique du XXIe siècle ? Il est bien évidemment trop tôt pour le dire mais ce que la première décennie du nouveau siècle nous laisse d’ores et déjà entrevoir est moins l’apparition de genres nouveaux qu’une tendance au dépassement des clivages, à la fin des hiérarchies, à la transgression des frontières et aux croisements des esthétiques. En ce sens, Lionel Belmondo, est dans le mouvement de son époque. Car depuis Hymne au soleil, disque fondateur s’il en est, il a montré que le jazz, dans lequel on voudrait l'enfermer, était loin d’être son unique territoire. La musique est pour lui nécessairement plurielle, elle n’a pas à se laisser emprisonner dans des conventions ni limiter par des frontières obsolètes. Cependant, Lionel Belmondo a fait mieux que la plupart de ceux qui, de nos jours, tentent de dresser des passerelles entre les genres. Dans son effort de longue haleine, il a révélé des correspondances insoupçonnées entre des univers musicaux distants, il a  mis au jour des points de convergence surprenants entre des compositeurs et des œuvres a priori étrangers les uns aux autres, par l’espace et par le temps.

En faisant se refléter jazz modal et post-impressionnisme français dans Hymne au soleil en 2003, Lionel Belmondo avait jeté le trouble, non sans une certaine satisfaction, entre deux mondes qui paraissaient imperméables. En invitant deux ans plus tard le mage, géant et sage, Yusef Lateef à prolonger ces explorations et à révéler les jeux d’Influence qui font se rapprocher les musiques, Lionel Belmondo a continué à redessiner les cartes. Il continue aujourdhui de prolonger superbement cette entreprise, réaffirmant l’intention de dépasser les clivages tout en offrant un éventail de musique aussi riche que nuancé qui se déploie comme l’aboutissement de plusieurs années passées à un ouvrage passionné.

Avec la même force de conviction, Lionel Belmondo reste un partisan acharné du rapprochement des répertoires. Le tour de force de ce travail est en effet d’unifier des pièces a priori fort dissemblables par un travail d’orchestration qui permet d’estomper leurs différences tout en soulignant leurs proximités, notamment harmoniques. Elles en ressortent métamorphosées, chargées de beautés nouvelles et d’inventions.

Distribution
Lionel BelmondoSaxophone
Laurent Fickelsonpiano